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Guerre & Trahison

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Message par Napoleonswar Lun 30 Mar - 22:55

Guerre et Trahison

1. Ignosce Mihi Pater


Le roman qui suit est une fiction. Il ne respecte pas les événements spatio-temporels historiques.

Dès leur jeunesse, les hommes sont emplis de rêves et d'idéaux. Certains voudraient changer d'époque, de temps, d'espace. Mais tous n'y peuvent rien. Ils vivent et attendent la fin, après avoir tenté maintes et maintes de fois de construire leurs rêves, sans succès. Mais voilà une fin qu'on réserve aux histoires tristes et celle-ci n'en est pas une. Notre histoire commence en Flandres, dans le département du Nord, alors territoire de l’Empire de France, le 20 Août 1805. Cette histoire raconte les aventures d'un personnage peu connu mais qui n'a pas traversé l'histoire de manière inaperçue. Ce personnage, c'est moi.

 Je m'appelle Arthur Hastier et j'ai 17 ans. Je viens de faire le choix de rejoindre la Grande Armée, aux côtés de mon Empereur. Je sais que mon père ne voit pas le Ier Empire d'un très bon œil, mais il ne peut pas le dire ouvertement. En vérité, je sais qu'il est descendant d'un duc vendéen et qu'il a des idées très royalistes. Cela m'était défendu, mais j'ai un jour fouillé dans quelques papiers qui se trouvaient bien rangés dans les tiroirs de son bureau. Je n'en sais pas vraiment plus et lorsque je lui en parle, il me répond toujours ceci : « Ne t'occupe pas de cela, tu comprendras lorsque tu seras plus grand. La politique nuit à ceux qui n’ont pas l’âge de la comprendre. » Mais je comprends bien. Aussi, je me dois de dissuader tous soupçons qui viendraient à menacer ma famille. C'est pourquoi, sans réellement le dire à mon père, je pars aujourd'hui, à l'aube, vers Lille où campe un important régiment de la Grande Armée. J'ai laissé une lettre sur son bureau. J'espère être loin quand il la lira.

 Quarante-sept kilomètres me séparent de la grande ville. J'y serai rapidement. J'ai l'habitude d'accompagner mon père lorsqu'il va en ville discuter avec ses amis, dans des salons bourgeois discrets et méconnus. Il ne m'a jamais laissé l'écouter un instant, mais je me doute bien de ce qu'il dit, avec ce fameux Richard Huon de Merceuil, qui affiche impunément un portrait extraordinaire de l'empereur dans l'entrée de sa grande maison de marbre, quel hypocrite. Il parle si fort parfois, qu'un régiment de gendarmes, passant dans les ruelles de la ville, viendrait l'arrêter sur le champ. Lui, se félicite d'avoir plaisanté des articles de la Constitution. Mon père n'est pas comme lui, je le sais. Il ne viendrait jamais s'opposer au régime, il n'a que des idées frivoles dues à ses origines. Nous avons le même sang, mais pas le même cœur. Et c'est ce cœur qui me laisse entrevoir la gloire et l'honneur d'aller servir l'empereur pour repousser les ennemis de la France, ennemis qui ravageraient ces campagnes qui m'entourent, nos villes riches et puissantes, nos cultures, qui saliraient de leurs pas belliqueux le sol poudreux de nos chemins. Ô combien tu m'es chère, douce France, et pour toi, je servirai l'instrument que Dieu nous a envoyé, Napoléon Ier, Empereur des français.

 Au loin, le clocher de l’église du Sacré-Cœur se dresse fièrement, surplombant les hauteurs sur lesquelles sont bâtis les murs invincibles de Lille. Des fumées grisâtres s’échappent des petites maisons de briques rouges à l’entrée de la cité, et se perdent dans l’immensité du ciel. La route pavée laisse passer, de temps à autre, des caravanes vagabondes emplies de produits essentiels au développement du commerce de la région, pilier majeur de l’économie française. A quelques kilomètres de la frontière prussienne, la cité est gardée par le cœur de la Flandre. Les fameux grenadiers hollandais y sont campés, fidèles serviteurs de l’Empire. Gardés par quelques gendarmes, je franchis les murs impressionnants et m’engouffre dans ce mélange de vies et de mouvements où tout est travail, marchandage, commerce et autres fourberies économiques. Le mur construit en étoile rappelle le passage de l’ingénieur Vauban qui fit de Lille, un monstre de pierre.

 De nombreux soldats, en tenue légère, passent et repassent dans les rues majestueuses, tantôt des cruches d’eau en main, tantôt les bras chargés de victuailles ou de munitions. D’un pas assuré, je franchis les grilles du palais de justice où est installée une table, derrière laquelle un officier, le nez plongé dans ses papiers, s’entretient avec ceux qui viennent servir la gloire de l’Empire. Ils semblent tous plus âgés que moi, dois-je réellement le faire ? Il n’est plus temps de reculer. Je rejoins la file d’attente, songeant aux bonnes manières que mon père m’a apprises, et qu’il me faut aujourd’hui présenter. Dans la cour du palais, s’affaissent des tonneaux et des toiles de tissues entassées, entourées de faisceaux de mousquets. Le temps passe vite, le regard perdu dans le ciel, une voix me ramène à la réalité :

« - Jeune homme ? Par ici s’il vous plaît. »

L’officier a levé les yeux et me scrute attentivement avec une certaine hésitation. M’approchant de lui, il souffle un grand moment, comme s’il allait débiter un long discours :

« - Je suis le capitaine Gerald Flopz. Vous êtes ici pour rejoindre le 14e Régiment d’Infanterie de Ligne. Vous devrez donc remplir le formulaire d’intégration et le signer. Vous prendrez vos fonctions en tant que recrue et obéirez aux ordres du Colonel Marc Verdieb. Vous l’appelez mon colonel et vous effectuerez toutes les tâches qui vous serons assignées. Vous suivrez l’entraînement aux formations dès demain à l’aube et serez sous la responsabilité du sergent-major Ham Lereduit. Vous apprendrez rapidement à manier l’arme et vous ferez en sorte de ne pas vous faire tuer sur le champ de bataille, suis-je suffisamment clair ? »

Cet homme parle ainsi, avec une voix rassurante mais qui impose l’autorité. Aussi bouleversé qu’impressionné, je lui réponds :

« - Oui monsieur. Enfin, oui mon capitaine.
- Bien. Remplissez votre fiche à présent. »

 Sur quelques lignes tracées habilement, je deviens ainsi membre et recrue du 14e Régiment d’Infanterie de Ligne. Attendant patiemment la fin des recrutements, je m’immobilise quelques heures sur un banc de la cour, qui s’obscurcit peu à peu. L’église sonne vingt-et-une heure. Le capitaine Flopz se lève alors de sa chaise, pliant ses feuilles en deux, caressant un instant sa moustache rousse et ridicule d’un air songeur. Le tambour résonne et toutes les nouvelles recrues se réunissent autour de celui en qui elles ont désormais placé leur entière confiance. Faisant signe au tambour de s’arrêter, il s’écrie alors :

« - Nous allons au bivouac du 14e, que les recrues me suivent ! »

Quittant la cour du palais de justice, nous marchons silencieusement vers l’avenir de la France, vers notre avenir !

 Des petits feux brillent à chaque recoin du bivouac, entre les tentes parfois parfaitement blanches, parfois encore boueuses, souvenir d’une campagne passée. Les hommes s’y réunissent et rient ou chantent ensemble, consommant un vin encore récent. L’entrée est gardée. On nous y assigne nos tentes et nos quartiers. Cette vie nouvelle m’excite profondément bien qu’elle me semble tout à fait redoutable. Fatigué, je me plonge dans la paille fraîche et m’endort en songeant aux épisodes glorieux qui m’attendent.

Six heures du matin. Le tambour résonne. On nous a distribué des uniformes à l’entrée de nos tentes. L’envie de me lever me manque.

« - Ho, debout ! On va être en retard ! Lève-toi ! »

A ma droite, un jeune homme, de mon âge ou peut-être un peu plus jeune, s’habille du plus vite qu’il peut, enfilant sa guêtre droite à l’envers. Sans lui répondre, je me lève et m’habille sans plus perdre un instant. Les yeux encore floutés par la fatigue, j’observe le terrain d’entraînement que je ne pouvais voir hier soir. C’est une vaste prairie, vide de flore. Des soldats y sont déjà prêts, bordant la haie, le fusil en main, immobiles. Un juron s’échappe de mes lèvres et suivant de prêt ce nouveau camarade, nous partons en courant. La journée passe vite et le sergent-major s’efforce de nous former, y compris ceux qui semblent ne rien entendre à ses conseils. Pour ma part, accoudé à ce mystérieux personnage, j’apprends vite, la manœuvre, les pivots, les alignements, et surtout, la ligne de bataille. Toutes ces choses, que j’ai vues tant de fois dans mes livres, sont devenues réalités.

 
 Midi trente. Il est enfin l’heure pour nous de manger et de nous désaltérer. Avant cela, on nous apprend à construire des faisceaux. Les baïonnettes se mêlent les unes aux autres. Ma belle assiette lisse et argentée en main, je m’en vais chercher ma part et m’installe un peu n’importe où, seul. Sans avoir eu le temps de tremper ma cuillère dans ma nourriture, le garçon de ma tente vient s’assoir à côté de moi en disant :

« - Pourquoi tu restes tout seul ? T’as la peste ? Parce que j’aimerais le savoir avant qu’on se retrouve à dormir dans la même tente si tu vois ce que je veux dire »
- Non, rassure-toi. Je lui tends la main en lui rendant son sourire et rajoute : Je m’appelle Arthur Hastier.
- Je suis Elite* de Persigny, enchanté ! Dit-il en avalant un morceau de pain. Alors, qu’est-ce qui t’amène ici toi ?
- L’envie de servir l’Empire surtout. Enfin, l’envie de servir à quelque chose.
- Ben il faudra te faire une vraie histoire mon gars, c’est trop banal ! Mon père était commandant à Iéna, ces enfoirés de saxons l’ont touché à l’abdomen. Il ne s’en est jamais relevé.
- Je suis désolé. Alors ton engagement, c’est un peu comme… une vengeance ?
- Il y a de ça. Tu crois au destin ?
- Euh… Pas vraiment, je crois en Dieu.
- Moi je crois que le destin nous a placé sur la même route et…
- Et dans la même tente !
- Aussi. Quoiqu’il en soit, et si tu n’as pas la peste bien sûr, compte sur moi pour couvrir tes arrières.

Sur ce, il se lève, sourire aux lèvres, et part ranger son assiette dans la marmite d’eau chaude.

 Ainsi commençait mon épopée au sein du 14e Régiment d’Infanterie aux côtés de ce fameux Elite de Persigny. Le temps passe vite au bivouac et ceux qui faisaient tout le temps des erreurs dans la colonne ont appris à ne plus en faire. Elite le dit souvent, c’est vrai qu’il ne vaut mieux pas être dans la ligne de mire du sergent-major lorsqu’il a quelque chose à reprocher.


A suivre…



*Elite est un prénom masculin et féminin napoléonien [Ref.] :  http://www.asiaflash.com/prenom/prenom_personnalite.php?prenom=Elite&pilote=5

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